La manchotière reprend vie

Voila près de trois mois que les empereurs sont dans leur colonie, appelée la manchotière. Ils s’y sont regroupé, y ont copulé et (pour les femelles) pondu des œufs, tout cela entre avril et mi-mai. Les femelles ont ensuite donné l’œuf au mâle lors de la passation puis sont partis en mer chercher la nourriture nécessaire aux futurs poussins.Depuis leur départ et pour survivre au froid et aux vents de parfois plus de 200 km/h, les mâles se regroupent et se tiennent les uns contre les autres (des « tortues ») tout en couvant l’œuf entre leurs pattes et un repli de peau. Ces tortues sont constamment en mouvement, ce qui permet aux manchots de ne jamais rester trop longtemps au centre ou à la périphérie de la tortue.

Alors que la manchotière était un concert permanent de chants somptueux des femelles et mâles se faisant la cour, se chamaillant et échangeant, celle-ci est devenue soudainement silencieuse durant les plus de deux mois de couvaison des mâles. Mais l’éclosion des œufs coïncidant quasiment avec le retour des femelles à redonné vie à la colonie, aujourd’hui enrichie des cris perçants des poussins qui, cachés sous le repli ventral du père, pointent de temps en temps le bout de leurs bec pour réclamer à manger.

Kevin observe la manchotière

Kevin et François en face d’un empereur

François et son téléobjectif

Coucou toi!

 

Mais que vois-je?…

…mais oui c’est un poussin!

 

Les moments passés autour de la manchotière sont toujours uniques. Ces gracieux animaux ne sont pas craintifs et n’hésitent pas à sortir de la tortue pour s’approcher des « intrus » que nous sommes. Ils nous scrutent, émettent parfois un chant, nous tourne autour puis s’en vont. Leurs comportement sont aussi très divers. Si le cycle mentionné plus haut semble indiquer une routine presque ennuyeuse, les empereurs ont tous des réactions très différentes. Parfois ils perdent leurs œufs, certains organisent alors des « rapts » c’est-à-dire vont prendre à partie un congénère portant un œuf pour essayer de le lui voler. D’autres, comme désemparés, vont quitter la colonie pour y revenir (ou pas) quelques jours plus tard. Des individus vont abandonner leurs œufs, tiraillés par la faim qui les tient depuis des mois. Des couples échangent leurs poussins plusieurs fois, sans que nous comprenions véritablement pourquoi. Bref, à chaque descente à la manchotière, nous nous demandons à chaque fois ce que ces empereurs vont nous réserver. Je comprend ce qui passionne autant nos deux ornithologues et qui les fait braver le froid des heures durant.

Interdit de rentrer!

 

Un empereur très curieux

 

Le slam de l’empereur. Photo: Elodie Schloesing

On se suit avec nos œufs sur les pattes.

 

Une semaine pas comme les autres !

Comme je l’annonçais dans un précédent billet, la semaine dernière a eu lieu la semaine de la « Mid-Winter ». A travers l’Antarctique, les stations délaissent temporairement la routine quotidienne pour une semaine de jeux, défis, journées à thèmes, ateliers divers (cuisine, couture, culture générale…). En ce qui concerne DDU, la semaine de la mid a été précédée dans la nuit du 18 Juin d’une aurore d’intensité incroyable, de loin la plus impressionnante vue cette année. Le ciel était clair, le laser de mon labo en marche, fendant la nuit adélienne. L’aurore est apparue soudainement, vêtue de son traditionnel vert mais cette fois très clair, et de plus accompagnée d’une légère parure pourpre, signe d’une exceptionnelle activité magnétique au-dessus de nos têtes. La vue de cette barrière de jets cosmiques avec au centre le laser vert de DDU nous a laissé bouches bées. Nous nous précipitons alors pour éteindre le maximum de lumière de la base et nous plonger dans le noir. Après une bonne heure qui nous sembla une éternité et alors que nous pensions avoir tout vu, l’aurore disparue revint de plus belle comme un dernier rappel et un flash lumineux presque aveuglant détourna notre regard un instant : un objet, très probablement une comète, vient de traverser le ciel au milieu de l’aurore et sous nos yeux ! Simplement incroyable : deux phénomènes parmi les plus beaux de cette planète en même temps. Et parce que la chance est avec nous jusqu’au bout, François avait choisi cette nuit pour placer son appareil photo sur un bâtiment légèrement distant du centre de la base. Configuré en mode «time lapse », François nous a sorti une vidéo d’ 1 minute résumant 3h de folie, qui resteront probablement comme l’un des meilleurs souvenirs de l’année. Voyez d’ailleurs à quel point nous fumes chanceux: l’appareil à même capté l’instant où la comète (ou quoi que ce soit) à traverser le ciel, vous voyez je ne mens pas ! (avec en prime la fameuse vidéo, mais par contre en basse définition, ba oui on fait ce qu’on peut niveau réseau ici). Je réalise à peine ce que nous avons vécu cette nuit-là…

Aurore, laser et comète

 

Le weekend se poursuivit par l’inauguration du magnifique nouveau bar du séjour que nous a bâti notre très doué menuisier Etienne, puis le vote du Onz’TA qui avait suivi le débat officiel sur les ondes de Skuraock radio, la radio officielle de la Terre Adélie : pour l’occasion j’ai délaissé mon siège d’animateur pour éviter tout conflit d’intérêt (faisant partie d’une liste candidate). Résultat : notre parti, le collectif nuit debout, a été élu par 11 voix contre 4 au JPR et 4 au TARN et 3 abstentions (le chef de district ayant un devoir de neutralité). Notre rôle durant la semaine fut de coordonner les différentes activités, celles de notre programme et celles mises en place par tout le monde. Pêle-mêle : jeu de piste sur et en dehors de la base, jeu du « killer », concours (fléchettes, billard, baby, beer-pong), soirées à thème, repas de toute les régions du globe, pari avec notre nouvelle monnaie le rastacoi, enchères avec cette monnaie….

Bertrand, chef du JPR

Alex, chef du TARN et Dorian, notre porte parole

Jérémy et Elodie, les animateurs

Elo, la classe incarnée!

Le public du débat

Débrief du débat

Cyril vote

J’effectue mon devoir de citoyen adélien

Pendant que Bertrand bourre honteusement l’urne!

Louis signe le registre officiel

ça négocie les ministères entre deux tours…

L’attente autour du nouveau bar d’Etienne

Nuit Debout élu! (gàd: Kevin, moi, Dorian, Etienne)

Le travail est alors pour la plupart des membres de l’équipe réduit au minimum, à savoir les taches obligatoires au bon fonctionnement de la base comme la surveillance de la centrale électrique ou le déneigement des lieux stratégiques. Pour les scientifiques, le rythme ne change guère au final car l’atmosphère, le glacier et les manchots n’ont que faire de la midwinter, bien que l’on s’accorde parfois une pause pour participer à certaines activités phares. Mention spéciale à notre gérant postal Eric, qui a pris en main la cuisine, pour laisser le cuisinier et le boulanger se reposer, et nous a concocté une semaine culinaire au top du top ! (menu de la semaine ici).

Durant la mid-winter, la coutume est que les différentes stations du continent s’envoient des photos de leur mission en souhaitant une bonne suite d’aventure. Nous avons reçu des dizaines de cartes (il y a plus de 50 bases en activités). Ces photos éveillent un étrange sentiment : cela nous conforte un peu plus dans notre sentiment d’isolement du reste du monde, mais en même temps on se sent membre d’une communauté, celle des « aventuriers polaires », qui dépasse les clivages liés à la nationalité. Si l’on note évidemment les différences de style suivant le pays d’origine des photos, nous comprenons fort bien ce qu’ils vivent et cela inspire immédiatement un profond respect. Je vous joins quelques-unes de ces photos.

Les américains de la station Palmer

Les chiliens de la base Montalva

Les indiens de la base Bharati

Les français et italien de Concordia

Les russes de Bellinghausen

Les américains d’Amundsen-Scott

Les coréens de King Sejong

Les britanniques de Rothera

Les ukrainiens de Vernadsky

Les brésiliens de Comandante Ferraz

 

Et nous!

 

A noter que cette semaine spéciale le fut doublement pour moi. En effet, j’ai détecté mon premier PSC (Polar Stratospheric Cloud) dans la nuit du 23 au 24 Juin. Un grand évènement scientifique pour moi : Les PSC sont les nuages stratosphériques polaires, objets de ma présence ici. Au cœur de l’hiver, la stratosphère Antarctique est ceinturée par un vortex polaire, qui abaisse la température interne à près de -80°C. Ces conditions permettent le « piégeage » des CFC, des polluants atmosphérique provenant des activités humaines qui vont réagir avec les composés naturels de la stratosphère à la surface de ces fameux nuages stratosphériques polaires, d’où l’importance de les détecter et les étudier, ce que je fais grâce à un laser. A la fin de l’hiver, les produits de ces réactions vont, sous l’effet du retour du soleil, réagir avec la couche d’ozone et la détruire partiellement. Comme ce sujet méritent de plus amples explications, je prépare pour d’ici quelques jours un billet complet et détaillé sur ces PSC et biensur sur les premiers d’entre eux version 2017, qui sont forcément particulier pour moi.

Aurore, comète, fête avec les amis, premier PSC : quelle semaine pour moi!

Balades entre réel et imaginaire

Alors que la midwinter se profile, et avec le jour le plus court, à savoir peine 1h30 de soleil rasant l’horizon, les sorties hors du périmètre de l’île des Pétrels se font de plus en plus rares, car il nous est interdit de sortir la nuit. Aussi, après plusieurs jours « enfermés » sur notre île, pris entre nos routines de travail, de service base (jour dédié, chacun notre tour et par deux, au service des repas et au nettoyage des lieux de vie communs), et d’activités diverses, le besoin de fouler la banquise pour respirer un grand coup se fait pressant.

Celle-ci est très changeante, semblant presque prendre vie à la lumière du clair de lune par ses changements de couleurs et d’aspects : parfois glace éclatante et lisse, parfois défigurée par d’innombrables amas de neiges consécutifs à une tempête. Ceux-ci sous l’effet du vent se dispersent et recouvrent la banquise, alors ravissante mais un brin espiègle : ses aspérités (et donc parfois des trous où l’on s’enfonce volontiers jusqu’aux cuisses) sont cachées par un voile continu de poudreuse aussi très volatile.

Un dimanche ou la météo s’annoncait clémente (entrendre par là froide mais sans vent), Coline nous envoie à 10h le mail suivant :

« Coucou les chatons, j’irai bien me balader today, des motivés ? »

Outre le fait d’être surpris par la formule de politesse fort aimable de notre ornitho, qui d’habitude commence plutôt par un « salut les lopettes » ou autres sobriquets que la bienséance m’interdit de retranscrire (allez pour le plaisir, le mien c’est « connard de Lidar » mais c’est affectif je précise, c’est sa façon de nous dire qu’elle nous aime!), je suis emballé par cette idée, même si je n’ai dormi que 4 heures suite à ma nuit de mesure.

Après un repas du dimanche toujours aussi copieux à base de cote de bœuf, gratin de courgettes, vin rouge et crumble aux pommes, nous partons explorer quelques icebergs dont un, creusé de l’intérieur, intrigue autant qu’il fascine. La balade dura environ 1h30 durant laquelle nous avons contemplé les jeux de lumières à l’intérieur de cet icerberg, parlé de chose et d’autres sur le chemin, pris la pause devant le coucher du soleil et où Elodie en a profité pour faire des vidéos pour un film qu’elle réalise sur les manchots Empereurs. Voila la résumé photo !

La base vue de la banquise

La base vue de la banquise

En route!

En route!

Arrivée au berg creusé

Arrivée au berg creusé

François fait une petite pause…

François fait une petite pause…

Etienne et Kevin

Coline à l’entrée de l’iceberg

Kevin en mode grand froid

Coucher de soleil sur les bergs

Coucher de soleil sur les bergs

Coucher de soleil sur les bergs

Coucher de soleil sur les bergs

Tour du « Cirque »

Tour du « Cirque »

Tour du « Cirque »

Tour du « Cirque »

 

Quelques jours plus tard, seconde balade, seconde ambiance. A la demande du médecin Pierre-Emmanuel, le chef de district Serge nous a autorisé une sortie de nuit sur la banquise ! Nous allons enfin pouvoir profiter de la nuit étoilée Antarctique au clair de Lune. Nous partons donc à une dizaine, équipé de notre obligatoire sac banquise (comportant une corde en cas de chute dans une crevasse, des vêtements secs contenu dans un sac imperméable, des chaufferettes pour mains et pieds, bonnet et gants en rab, collation) de nos microspikes pour l’adhérence des boots, de nos appareils photos et lampes frontales ! La nuit choisie est belle mais très extrêmement froide, près de -27 degrés : alors on prend bien le temps de s’équiper, triple plaire de chaussettes et de gants, masques, sous vêtements thermiques, protège cou… La sensation de froid est trompeuse, la première heure dehors, en particulier si l’on marche, se passe toujours bien. On se demande alors presque pourquoi on s’est autant embêté mais d’un coup, en quelques minutes, à la faveur d’une pause ou d’une rafale de vent, le froid vous saisi tout entier. Vos extrémités perdent en sensibilité dans un premier temps, puis se mettre à brûler lorsque vous essayez de les bouger : la douleur est particulièrement vive, mais heureusement courte si l’on a pensé à emporter des chaufferettes. Par contre au delà de 4 heures dehors, même bien équipé, le froid devient presque insupportable, tout votre corps se crispe (parfois accompagné d’un vif mal de crâne) et vous réclame un peu de pitié. Il est alors de temps de rentrer, au moins le temps d’un café chaud.

Ces considérations en tête, la balade fut tout simplement grandiose. La lumière du soleil réfléchie sur la Lune éclairée la banquise d’un éclat sans pareil. Les icebergs (ou plus communément bergs) semblaient parfois flotter sur un tapis grisâtre, donnant l’impression de marcher sur territoire inconnue de la Terre. A croire que nous étions sur la Lune, pourtant à l’origine de la lumière provoquant cette sensation. Certains font le parallèle avec certaines planètes de l’univers de Star Wars, cela a un peu de ça en effet. Le groupe se scinde en deux, certains voulant continuer la marche que nous avions commencé. De mon côté, accompagné de Cyril, Dorian et Aurélien, je reste près d’un berg surnommé « le cirque » afin de profiter du ciel. Je m’allonge sur le sol gelé, bien isolé par mes trois couches de vêtements et ma VTN (veste adaptée au grand froid). Je reste bien 15 minutes ainsi, me paraissant une éternité, éternité que je partage alors avec les étoiles dont l’éclat multi-milliardaire me plonge dans un état second. Je suis seul, n’entend plus mes camarades, je plane au dessus des bergs et de DDU, pensant à tout et à rien à la fois, réfléchissant à la vie, nos vies, ma vie, leurs vies (celle des autochtones des exoplanètes autour des lointaines galaxies) puis sombrant dans un néant de réflexion propice à un détachement total : plus rien n’a d’importance dans ces moments-là.

N’ayant pas amené mon appareil photo lors ce cette balade nocturne pour cause d’entretien nécessaire, je laisse Cyril, Coline et Alex vous donner le résumé photo.

Décor lunaire. Photo: Alexandre Flouttard

La base sous le clair de Lune. Photo: Alexandre Flouttard

Iceberg de nuit. Photo: Coline Marciau

Iceberg de nuit. Photo: Coline Marciau

Iceberg de nuit. Photo: Coline Marciau

Contemplation de la Voie Lactée. Photo: Cyril Delphin

La Lune, phare de la nuit Antarctique. Photo: Cyril Delphin

 

Ça ne brasse pas que du vent à DDU !

Parmi mes hobbies se trouve le brassage de bière artisanale. Dès que mon recrutement par l’Institut Polaire fut confirmé, j’ai de suite imaginé brasser à partir de la glace antarctique : quoi de plus noble que de faire un breuvage à partir d’eau multi-millénaire ! J’ai donc apporter de quoi satisfaire la curiosité autant que le gosier de mes camarades : malt, houblons, levures et matériel divers (cuve de fermentation, densimètre, thermomètre, capsules…).

La bière est (principalement) élaborée à partir d’orge, qui subit un procédé de maltage, dont le but est d’obtenir un grain friable à partir d’un grain dur. Plus le malt sera grillé, plus il donnera une couleur foncée à la bière. Il existe plusieurs procédés pour brasser de la bière mais nous pouvons résumer le processus ainsi :

-le malt (ou les mélanges de malt suivant la recette voulu) est d’abord concassé afin de faciliter l’extraction de l’amidon de la céréale. Le produit du concassage est versé dans de l’eau qui sera progressivement amenée à différents paliers de températures : c’est l’empatage. Cette étape active certaines protéines du malt, transformant alors l’amidon en sucre (fermentescibles et non fermentescibles).

-Une première filtration sépare les céréales gorgées d’eau, les drêches, du liquide sucré appelé le mout. L’étape suivante consiste à ajouter le houblon au moût, ce qui déterminera l’amertume et les arômes de la bière. Or les composés du houblon (les acides alpha et beta) sont très peu solubles dans l’eau froide. C’est pourquoi il faut porter le moût à ébullition pendant une durée tournant autour de 80 minutes. Le temps (et donc les différentes durées possibles) durant lequel est laissé le houblon dans le moût bouillant permet de choisir le niveau d’amertume et aromatique de la bière.

-Le moût est ensuite refroidi, le plus rapidement possible pour éviter toute contamination (le brassage nécessite une hygiène rigoureuse) puis filtré. La densité du moût est alors mesurée grâce à un densimètre, ce qui par la suite nous aidera à vérifier le taux d’alcool de la bière. Et afin justement de transformer le sucre en alcool durant la dernière phase, la fermentation, des levures sont ajoutés au moût. Le tout est versé dans une cuve de fermentation, équipée d’un barboteur qui permettra de laisser s’échapper le CO2 issu de la réaction alcoolique.

-Après 3 semaines à un mois, les levures ont cessé leur activités et il est alors temps mettre la bière en bouteille (capsulage), sans oublier d’y rajouter un peu de sucre (entre 4 et 7 g/L) afin de « réveiller » les derniers levures, qui vont le consommer. Rejetant du CO2 durant ce processus, ce dernier va se dissoudre dans le divin breuvage, ne pouvant pas cette fois s’échapper et ainsi donner son côté pétillant à la bière. Après 3 nouvelles semaines (ou plus suivant le type de bière) il sera enfin temps de déguster notre bonne bière maison, qui pour la première sera une blonde présentant une douce amertume et un net parfum fruité, plutôt dans les tons fruits rouges.

Voici en image notre dimanche spécial brassage, et pour les curieux et/ou les puristes, les deux recettes choisies : ici et .

C’est parti pour le brassage!

Yohann verse le moût à bouillir

Pesée du houblon

Houblon versé dans le moût en ébullition

Refroidissement du moût dans la glace Antarctique!

Filtration

Mesure de la densité

Levure versée pour activer la fermentation

C’est parti pour 3 semaines de fermentation!

 

A noter que nous avons (enfin surtout les 3 météos) lancé le 21 000ème ballon sonde de l’histoire de Dumont d’Urville! Comme je l’évoqué dans de précédents articles, l’une des taches des trois employés de Méteo France présents sur la base est le lancer quotidien d’un ballon sonde, dit PTH pour Pression, Température et Humidité. Ce ballon donne un profil vertical au dessus de DDU (jusqu’à 25 à 30 km d’altitude) des paramètres PTH. D’après les informations récupérées par Serge, notre Dista: « Le premier fut lancé à Port-Martin le 7 février 1951 par André Prudhomme. A l’époque, le suivi était réalisé par théodolite et à l’œil. D’après les archives, ce premier ballon avait été perdu de vue à une altitude de 730 mètres en pénétrant dans une couche de nuages bas (stratocumulus). »

Pour l’occasion, nos météos nous ont convié au lancer, qui à lieu chaque jour à 8h45. Sachez que ce ballon est monté à 27 696 mètres (record toute années de plus de 31 000 mètres) , a mesuré un vent maximum de 145 kt (environ 268km/h!) à 24 425 mètres d’altitude. Le soir, un apéritif dînatoire nous a été proposé au bureau des météos pour marqué le coup.

Alex prépare le ballon, gonflé à l’hélium.

Philippe marque un petit mot sur le ballon

Pendant qu’on observe sagement

Lancer du 21 000ème ballon!

Apéritif chez les météos. Notez les bandeaux rouges des membres du parti Nuit debout!

Elodie (premier plan), François et Etienne (second plan)

Données collectées par le ballon

Et si on parlait glaciologie ?

Kevin est le glaciologue de la TA67. Ses missions se partagent entre la chimie de l’atmosphère, notamment le suivi des concentrations d’ozone et de Soufre dans la troposphère (la première couche de l’atmosphère, entre le sol et environ 8 km au niveau des pôles), et le suivi du glacier de l’ Astrolabe.

Si l’Antarctique est un continent très sec, les rares précipitations de neige ont tout de même eu des millions d’années pour s’accumuler. Or le continent blanc n’est pas statique, la glace qui le compose à tendance à se mouvoir en direction des périphéries du continent, où le surplus est évacué à travers justement des glaciers qui jouent donc un rôle de régulateur. Ces derniers recrachent littéralement la glace sous forme d’icebergs qui se détachent et voguent au grès du courant, au contraire du glacier lui-même, toujours rattaché au continent.

Une des conséquences du réchauffement climatique est la fonte de ces glaciers. Leurs disparitions auraient de nombreuses conséquences fâcheuses comme une montée des eaux conséquentes (estimée à 1 mètre à la fin du siècle pour les seuls glaciers, donc sans compter une fonte du continent entier), un rejet d’eau douce dans la mer australe, ce qui perturberait les courants océaniques et l’écosystème antarctique et une accélération de la fonte du continent lui-même.

Voilà pourquoi Kevin relève une fois par mois les positions de plus de 250 balises, positionnées à divers endroits de la bordure du glacier, afin d’en mesurer sa vitesse d’écoulement et les variations d’épaisseur. Durant l’été austral, il va également plus loin sur le glacier (grâce aux hélicoptères pouvant alors voler dans de bonnes conditions) pour étoffer ces mesures. D’ailleurs à ces endroits-là, le glacier épouse parfaitement le relief sous-jacent, ce qui déforme la glace et crée des crevasses pouvant faire plusieurs dizaines de mètres de profondeur, ce qui rend le travail périlleux et oblige les glaciologues à s’encorder au cas où une crevasse serait cachée par une accumulation de neige. Le glacier de l’Astrolabe fait environ 16 km de long sur 6 de large. Kevin nous a de plus  appris que ce glacier se déplace par endroit de plus de 600 mètres par an, soit près de 2m par jour !

Le glacier borde l’île des Pétrels

Ces mesures demandent environ 3 heures de travail à Kevin, auquel il faut rajouter une heure de marche aller et retour jusqu’au Cap Prudhomme. Or en ce mois-ci le jour n’est présent que 4h, entre 10h30 et 14h30 et il nous est interdit de sortir hors de l’île des Pétrels durant la nuit. C’est pourquoi Kevin a monté une équipe pour l’épauler dans sa tâche. Lui, Aurélien et Dorian ont mesuré une partie des balises (hauteur et projection) ; Louis, Coline et moi-même l’autre partie. Dorian étant le mécanicien de la base (en plus d’être le benjamin de la TA67, 21 ans à peine le minot !), donc le référant en ce qui concerne les véhicules, nous avons pu emprunter un Kubota, petit engin sur chenilles permettant le transport de matériel et de personnes. Nous avons ainsi pu gagner du temps sur le trajet, ce kubota montant à la vitesse impressionnante de 25 km/h ! Bon il faut bien avouer qu’il n’est pas fait pour 6 personnes…On s’est donc un peu serré !

Encore une superbe journée avec une vue imprenable sur la banquise, un coucher de soleil sublimé par les quelques nuages faisant office de diffuseur de lumière et une nouvelle expérience à rajouter à mon année en Antarctique !

Louis mesure la projection d’un des marqueurs

Avec Louis et Coline sur la glace pure du glacier

Avec Louis et Coline sur la glace pure du glacier

A mon tour de mesurer!

Les coupains sur le glacier

On a marché sur l’Antarctique

Coucher de soleil, à 14h…

Bilan de la journée

le taxi du retour est là!

Taxi!

L’île des pétrels, c’est possible?

Allez on se serre à l’arrière!