Fin février, le temps des premières !

Le rythme en cette fin de mois est incroyable. Entre mes manips de nuits, les services bases, les coups de mains aux techniques pour décharger et ranger fioul et stocks et les anniversaires et soirées, le temps passe à une vitesse folle. D’ailleurs qu’es- ce que le temps, existe-t-il vraiment ou n’est-il qu’un artefact culturel sorti de notre imaginaire collectif ? Science et/ou philosophie peuvent-il répondre à cela ? Voilà une question que je me pose depuis des mois et des mois et qui resurgit avec encore plus de force ici, où les contraintes sociétales ont pour la plupart disparue, offrant une perspective très différente. ça me donne d’ailleurs l’idée de préparer une soirée café-débat autour de cette question à partir de mes lectures sur cette problématique et de mes connaissances en physique théorique.

En attendant je profite d’un peu de temps libre (c’est fou comme le mot temps est employé dans des tas de contexte) pour accompagner Coline baguer des poussins pétrels des neiges (PDN) et Damier du Cap ( DDC) avec également Solène et Philippe. Une journée sous un soleil radieux, qui nous offre une vue imprenable sur le glacier de l’Astrolabe sans vent, et une température exceptionnellement douce qui nous fit hésiter à sortir nos maillots pour aller se baigner (véridique !). Mais Coline n’a plus que quelques jours pour baguer des dizaines de poussins avant qu’ils ne s’envolent alors au boulot ! Elle nous autorise d’ailleurs à l’aider à attraper ces petites boules de poils qui se cachent (surtout les pétrels des neiges) dans le moindre recoin de la roche. Coline nous apprend que les poussins PDN se laissent enneiger dans leurs trous lors des tempêtes. Ils sont alors recouverts de dizaines de cm de neiges et leurs parents creusent ensuite des tranchées pour aller les nourrir : il parait que c’est très drôle à voir, surtout quand les poussins galèrent pour imiter leurs parents. Une après-midi au top ! Mais il faut bien l’avouer on passe le plus clair de notre temps a se faire vomir des bouillis orangeâtres  et chaudes sorties tout droit des entrailles de nos petits piou-piou tout stressés. : c’est fou la quantité qu’ils sont capables de vous déverser dessus en quelques minutes, on y retrouve parfois des crevettes entières (oui l’ornithologie c’est pas toujours sexy…).

A la recherche de nids de PDN et de damiers

Trouvé!

Ils savent se cacher!

Coucou toi!

Une vue imprenable sur le glacier de l’Astrolabe

Pause méditation avec Solène

Voila le petit caillou sur lequel nous vivons!

Jeu de réflexion

Solène la bagueuse en série

 

Jeu de réflexion, bis

Philippe et Coline en pleine contemplation

Les trois frères

 

Quelques jours plus tard, l’installation du laser et ses réglages sont terminés, malheureusement le temps n’est pas de la partie et les nuits très couvertes, ce qui m’empêche, non pas de faire tirer le laser mais d’ouvrir les détecteurs qui risqueraient d’être éblouis par la réflexion des nuages bas. N’oublions pas en effet que mon but est d’observer les aérosols de la stratosphère (potentiellement destructeurs de l’ozone), entre 10 et 30 km d’altitude, et non les nuages bas : les détecteurs sont donc très sensibles et pas adapté à de forte luminosité, c’est d’ailleurs pour cela que je ne travaille que de nuit, ce qui bientôt sera 22h/24 (mais j’aurai le droit de dormir hein !). Puis arrive le grand jour, les nuages s’estompent et mon laser fend le ciel pour atteindre la stratosphère, ma première mesure est là, je suis comblé ! Les aérosols présents au-dessus de ma tête à plus de 10 km absorbe la lumière verte de mon laser et en renvoie une infime partie que je capte et dont j’essaie d’identifier les modifications causées par ces aérosols : je pourrai ensuite dans une phase de post-traitement déduire des informations sur ces particules (phase, concentration, taille, nature de l’élément…). J’ai depuis enchaîné les nuits de mesures (généralement entre 23h et 4h du matin) et essaient de régler plus finement mon système pour optimiser le signal reçu et faciliter le traitement des données. Lors d’une de ces mesures, dans la nuit du 25 au 26 février, un sublime spectacle nous a été offert par le ciel antarctique : notre première aurore australe ! Ce samedi, alors que la très cocasse soirée « extraterrestre, détail mexicain » battait son plein, nous nous sommes émerveillés devant ces particules cosmiques électrisants aussi bien l’ionosphère que l’ambiance générale à DDU, et provoquant un véritable torrent vert à travers le ciel, au milieu de plusieurs étoiles filantes et d’une vue incroyable sur la branche de la voie lactée dans laquelle le système solaire se situe. Quelques larmes ont perlé durant cette nuit froide, où le silence fut roi durant ces quelques dizaines de minutes hors du temps.

photos: Rémi Puaud

Aurore I

Aurore II

Aurore III

Aurore IV

Mon laser fendant la voie lactée

 

Soirée extraterrestre, détail mexicain

C’est OIM!

Kevin et Arnaud dans la soucoupe adélienne

 

Formation des pompiers de DDU : épisode 1, test ARI (Appareil Respiratoire Isolant)

Alors que l’équipe médicale se prépare depuis quelques séances à l’anesthésie, à la suture et autres petits plaisirs autour de notre médecin Pierre-Emmanuel, il était grand temps que les pompiers entrent en scène ! Nous avons la chance de compter parmi nous deux « vrais » pompiers volontaires, Ludovic et Bertrand, respectivement plombier et responsable de la centrale ici à DDU. Ils seront les deux pompiers « lourds » auxquels viendront se greffer une petite armée de pompiers « légers » censés les assister durant les interventions et éventuellement les relayer au cœur de celles-ci en cas de besoin.

Nous sommes tous biens conscients que nous ne deviendrons pas des pompiers en quelques séances de formations. Cependant la question est de savoir si nous laisserions un de nos camarade d’hivernage prisonniers des flammes car nous ne sommes pas pompiers ? La réponse est bien évidemment négative alors autant connaitre les bonnes attitudes et reflexes pour minimiser les risques en cas d’incendie et c’est bien pour cela que je me suis porté volontaire pour faire partie de la BPDDU, la Brigade des Pompiers de Dumont D’Urville !

Exercice 1 : trouver une victime dans un lieu fermé où un incendie s’est déclaré et où la visibilité est très réduite à cause de la fumée. Bon histoire de ne pas commencer trop compliqué, la victime est ici un bidon à ramener sans trop de dégats…Plus nous progresserons et plus les exercices se feront complets et réalistes.

Ludo et Bertrand nous explique le fonctionnement du matériel, en particulier de l’ARI qui nous laisse une autonomie de 15 à 20 minutes environ. Le but du test est aussi de voir si nous ne paniquons pas avec ce masque légèrement oppressant au départ. Lorsque la bouteille est presque vide, un signal sonore retenti, indiquant au pompier qu’il doit déguerpir au plus vite. Après un rappel de l’utilisation des extincteurs (nous avions suivi une formation à Brest pour apprendre à s’en servir et à les reconnaitre), nous commençons le test !

J’enfile ma tenue

Tout comme mon partenaire Sylvain

Je fais équipe avec Sylvain. Nous nous équipons et répartissons les rôles : Sylvain ouvrira la marche et sera chargé d’explorer les salles que nous traverserons et de m’indiquer le chemin. Quant à moi, ma tâche est d’assurer une ligne de vie tout au long de notre progression : en cas de problème durant l’intervention, cette corde que je dois nouer à intervalle régulier nous permet de rebrousser chemin rapidement et de ne pas nous perdre dans la fumée épaisse. Sylvain et moi sommes reliés par une petite corde d’1m25 extensible jusque 6m. Afin de mimer une épaisse fumée, Ludo et Bertrand nous couvre d’un sac plastique, visibilité réduite à néant ! Ils ont de plus semé de nombreuses embûches dans les deux salles qui font office de test (armoires en travers, canettes suspendues, cartons vagabonds…). La ligne de vie que nous voyons sur la figure ci-dessous n’est présente que dans la première salle, à nous de prendre le touret que l’on aperçoit dans le fond et de faire cette ligne dans les salles suivantes, le tout dans le noir et au milieu d’un bazar sans nom !

c’est parti!

On progresse lentement

On ramène la victime!

 

Mission accomplie, nous avons sauvé notre bidon, non sans l’avoir légèrement malmené sur le chemin du retour…espérons que notre potentielle future victime ne soit pas trop douillette ! Voilà un exercice qui me fut très utile et qui montre toute la complexité de la tâche des pompiers. Je précise d’ailleurs que nous n’avions pas encore d’extincteur ou de lance à porter en même temps que notre recherche de victime, sans parler du fait qu’il n’y avait pas de flammes, donc pas de chaleur insupportable durant notre exercice. Mais chaque chose en son temps, le prochain exercice sera plus compliqué !

Ouverture de porte par Etienne et Alexandre

Louis et Dorian font aussi partie de la BPDDU

 

 J’en profite pour faire un petit clin d’œil à tous les pompiers que je connais, vous êtes au top les gars ! (allez, aussi ceux que je connais pas !).

R3, entre convoyeur de joies et fossoyeur de campagnards d’été

La rotation R3 de l’Astrolabe est en cours. Le bateau est actuellement bloqué dans le pack à 70 km de la station. Le débarquement par hélicoptère des vivres et du fioul à commencé, ce qui constitue une excellente nouvelle pour les membres de l’hivernage. En effet le stock de fioul avait considérablement diminué et cette livraison était essentielle pour tenir jusque l’été prochain. Pour la petite histoire, si ce stock n’est pas suffisant, la base passe alors en mode minimaliste : tous les scientifiques repartent avec le bateau accompagné d’une partie de l’équipe technique. Ne restent alors que 5 personnes, chargés de faire tourner la centrale et certains bâtiments, en espérant que la base puisse reprendre ses activités l’année suivante.

R3 marque également l’arrivée de mon laser, enfin!! Lui qui était rentré à Paris pour maintenance revient à la maison et je vais pouvoir commencer mes mesures très prochainement. Je suis actuellement en train de le remettre sur son plan de travail et de l ’aligner : par une technique optique appelée « auto-collimation », je m’assure  que la faisceau laser sorte du shelter Lidar le plus droit possible, afin d’optimiser son interaction avec les particules de l’atmosphère. Pour rappel le Lidar, acronyme pour LIght Detection And Ranging, fonctionne sur le même principe qu’un radar mais avec des ondes lumineuses en lieu et place des ondes radios. Il est un système d’analyse à distance et peut servir entre autre aux relevés topographiques, à la mesure du vent ou à l’analyse des matériaux ou ici en l’occurrence de l’atmosphère.

Vous pouvez voir sur la photo de Frédérique les deux lidars présents à DDU. Le second est complémentaire du mien dans la mesure où il se focalise sur l’étude des précipitations dans la basse atmosphère (<à 5 km) alors que j’étudie tout ce qui se passe au-delà de 6 km. Le second Lidar, qui ne fait pas partie de mon programme de recherche, sera automatisé et n’aura pas besoin d’opérateur cet hiver.

Le laser sorti des cartons

Paré pour les manips!

Bataille de Lidar!

Attention si la photo peut laisser penser le contraire, les deux faisceaux ne se croisent pas, et l’un (celui de droite) s’arrête à environ 7 km d’altitude alors que le second (le mien, à gauche) peut atteindre 50 km, même si sur cette photo il est stoppé par une couche de cirrus vers 10 km.

L’arrivée du laser coïncidence avec celle de la nuit. Cette dernière s’allonge très rapidement, plus de 6h de jour perdu entre le 6 janvier et le 5 février. Actuellement le soleil se couche vers 21h30 et se lève vers 4h30, nous perdrons ensuite environ 8 minutes de soleil par jour jusqu’au 21 juin ou le soleil se lèvera à 11h40 pour se coucher à…13h40, il ne fera donc que frôler l’horizon à ce moment-là. Certaines personnes me confient ne pas avoir vu la nuit pendant presque 4 mois, et qu’elles n’avaient jamais été aussi contentes de voir un peu de pénombre dans ce monde de lumière ! Cela nous offre de très beaux coucher de soleil. Nous apercevons même quelques étoiles, qui nous rappelle si cela était nécessaire qu’elles n’avaient pas disparues avec l’été austral et qu’elles seront bien là cet hiver pour nous éclairer au propre comme au figuré de leur précieuse lumière traversant l’espace et le temps.


R3 annonce également une vague de départ dans les prochains jours : près de 20 personnes vont rentrer sur cette rotation de l’Astrolabe, nous rapprochant ainsi un peu plus du début de notre hivernage à 23. On sent déjà une certaine nostalgie voire appréhension chez les futurs partant qui pour certains sont là depuis 3 mois. Je me remémore les séparations difficiles lors de R2, et ayant eu cette fois le temps de tisser de vrais liens avec ces campagnards d’été, je dois bien avouer que cela risque d’être une journée bien morose à laquelle je ne préfère ne pas trop penser, d’autant que 15 jours plus tard,  l’ultime rotation R4 amènera avec elle les derniers survivants de la campagne d’été 2016-2017 et nous isolera définitivement du reste du monde, du moins physiquement, jusqu’à l’arrivée du premier bateau de la campagne d’été suivante, soit environ 8 mois. En attendant, et pour détendre l’atmosphère de cette fin d’article, je vous laisse avec quelques photos de la soirée de samedi dernier, soirée « vert », où je me suis transformé avec 3 fidèles compagnons en chevalier d’écaille et de vynile. Autant dire que l’allumage de mon Lidar, permettant au faisceau laser de fendre le ciel de sa verte couleur (il tire à 532 nm, soit la longueur d’onde correspondant au vert dans le spectre lumineux) , a produit son effet chez les Adéliens. Allumer un laser en Antarctique déguisé en tortue ninja, voilà une histoire qui risque de me suivre de nombreuses années !

A bientôt!

Ouh la belle brochette!

De gauche à droite: Camille, Solène, Guillaume, kevin et Annabelle

La dernière tortue est cachée derrière docteur Louis

Menu du soir

Louis en bonne compagnie

Même le balai d’Elodie est dans le thème!

Session verni avec Elodie et Kevin

Non Audrey je ne te comprend pas, je suis une tortue…

Le menu du soir

Ça souffle à DDU !

Point météo

Trois salariés de Météo France viennent chaque année hiverner à DDU. Il s’agit cette année d’Alexandre, Philippe et Vincent. Les données et prévisions météorologiques qu’ils produisent sont primordiales, non seulement pour les programmes scientifiques comme le mien qui se servent par exemple des données des ballons sondes envoyés par les météos (qui enregistrent la température et la pression en altitude au-dessus de DDU), mais également pour organiser la vie sur la base. Aucune sortie sur la banquise ou sur les îles avoisinantes ni aucun travaux d’envergure ou transports par hélicoptère ne se font sans consulter les météos et leurs prévisions. Notre trio a récemment battu le record du ballon sonde envoyé le plus haut à DDU, plus de 30 km!

Record battu!

Une partie des données météos sont visibles sur notre intranet. L’été 2016-2017 a été plutôt doux, les températures s’échelonnant en janvier de -6°C à 4,8°C. On s’aperçoit cependant que le vent est très présent à DDU. Durant l’été, période calme, il est très régulièrement à 50-60 km/h de moyenne avec des rafales soudaines à plus de 100 km/h, maximum de 105,8 km/h en janvier. Ce qui transforme une température relativement clémente comme un petit -1°C en presque -13°C ressenti ! Pas de quoi fouetter un chat me direz-vous (surtout les alsaciens), certes…mais nous sommes toujours en été, imaginez maintenant la température ressentie en plein hiver avec une température réelle de  -25 et un vent à 180 voire 200 km/h (record à DDU de 320 km/h), et bien on se rapproche doucement des -50°C. Dans ce cas-là, rassurez-vous, pas grand monde met le nez dehors à DDU…

Exemple de données météos quotidiennes

Bon il peut arriver que la sonde de température veuille nous faire des petites blagues, à moins que les lois de la physique changent en Antarctique, mystère…

Humm c’est très froid là non?

Ça souffle très fort!

Début février aura été marqué par des rafales à près de 200 km/h. Si je savais que cela arrivait, j’avais du mal à appréhender ce que représente cette force colossale. Et bien je ne suis pas déçu, c’est tout simplement impressionnant, ces rafales vous plaquent littéralement contre les murs ou les rambardes. Le moindre mouvement devient périlleux : lever une jambe et celle-ci s’envole sous l’effet du vent, faisant de vous un pantin marchant de façon désarticulée, portez un objet offrant une surface plane et vous dévalez les caillebotis en ayant toute les difficultés du monde à vous stopper. Cela offre cependant des situations plutôt drôles : lorsque la rafale change brutalement de direction, vous pouvez vous retrouver brusquement le vent dans le dos alors que depuis 5 minutes vous poussiez de toute vos force (tête et buste penchés en avant) sur vos jambes contre le vent de face : je vous laisse imaginer la surprise lorsque d’un coup vous vous mettez à courir sous la force du vent alors qu’une porte se trouve à moins de 10 mètres…

Sortie ornitho :

J’ai donc fait ma première « manip » ornitho. Audrey et moi-même avons accompagné Coline, l’ornithologue, sur l’île du gouverneur (transport en hélicoptère au-dessus de la banquise, classe comme taxi !), île située à l’extrême sud-ouest de l’archipel de pointe géologie, ou elle avait pour but de baguer les poussins skuas recensés lors d’une précédente visite. 3 skuas ont ainsi été bagués et mesurés (ailes, bec, tête…). Nous avons également vu qu’il y avait encore 3 poussins adélie vivants et Coline fut toute ravie de trouver son premier poussin de Pétrels des neiges qu’elle s’est empressée de baguer bien que celui-ci, pas très rassuré, a passé les 5 minutes de la manipulation à lui vomir et déféquer dessus, technique de défense visiblement très répandue chez les oiseaux. Conséquence, nous l’avons baptisé Peter, à prononcer « Pétér » et non « Piteur », référence à un classique du cinéma made in Hazanavicius.

Les photos suivantes ont été prises par Annabelle Kremer lors d’une autre journée ornitho, j’étais pour ma part trop occupé à observer le travail et écouter les explications de notre ornitho en chef pour ma grande première!

Mesure d’un poussin Skua

Pesage du même poussin

Le tout sous la surveillance rapprochée de maman (ou papa…)

Un skua essaie d’effrayer notre intrépide ornithologue

Ce fut très intéressant de voir Coline dans son élément sur cette île éloignée du tumulte estival de la base, entre hélico et véhicules divers transportant vivres et fioul nécessaire à l’hivernage. Je fus d’ailleurs marqué par le silence qui régnait sur cette île, seulement rompu par les cris perçant des skuas tentant en vain d’impressionner Coline venue leur arracher l’espace d’un instant leur progéniture. N’ayant pas d’autres moyens que l’hélico pour regagner la base, nous étions alors 3 naufragés sur un caillou perdu dans l’océan austral au large de l’Antarctique, au milieu de la faune locale : sensation paradoxale mais grisante de se sentir à la fois à la merci des éléments et comme rassuré voire apaisé par l’immuable force motrice du jeu de la vie auquel se livrent sous nos yeux les différentes espèces.

J’ai pu lors de cette sortie observer certaines techniques des ornithos pour attraper les poussins (difficultés +) et les adultes (difficultés +++++). L’une d’elle est d’utiliser des cadavres de poussins adélie morts naturellement, auxquels sont attachés des cordelettes à nœuds coulant, que Coline tire d’un coup sec lorsqu’un skua vient s’y empêtrer. Il y aussi la technique plus rustique de sauter et attraper les pattes d’un infortuné oiseau passé trop près de l’ornitho (taux de réussite de cette technique pour Coline: nul pour l’instant).

Une semaine à DDU #2

Jeudi à été marqué par un évènement marquant, cassant légèrement la routine de la base : un skype live à 19h heure locale avec près de 600 élèves alsacien de 8 à 15 ans. C’est Annabelle qui en en charge de ce projet. Enseignante et travaillant également à la Maison de la Science en Alsace, elle suit durant un mois et demi les chercheurs pour mettre en avant le travail de terrain avec tout ce que cela comporte et dont on parle pas souvent quand il s’agit de science : la logistique, les difficultés techniques, les débrouillardises, les échecs aussi (qui d’ailleurs n’est pas forcément négatif car une expérience qui ne marche pas est en soit un résultat). Elle suit également les divers métiers sur la base pour illustrer la diversité des métiers et des profils de personnes sur la base.

Préparatifs du live

C’est parti!

Etienne, notre menuisier

Elodie, notre écologue spécialiste des manchots

Olivier, plongeur soudeur

Ce live (fait en extérieur sous la neige et par moins 8 !) a été un sacré défi pour l’informaticien François, qui a du limiter le traffic sur le réseau de la base pour libérer la bande passante nécessaire. Mais fort heureusement, 19h est l’heure du repas à DDU, ce qui a un peu facilité la chose. Il a duré environ 45 minutes durant lesquelles Annabelle a fait un bilan de ses premiers jours sur base, puis à présenté certaines personnes et métiers de la base avant de répondre à une quinzaine de questions des élèves, dont celles de ses propres enfants, séquence émotion !

La fin de semaine a été focalisé sur l’autre évènement : la soirée viking de samedi soir ! L’avantage d’avoir tous les métiers sur la base est que chacun a pu rendre visite au menuisier dans son antre,  la « meuse », au mécanicien de précision, le « mépré », ou aux chaudronniers à leur bâtiment, le SIPOREX,  pour se faire son propre bouclier, sa hache ou son épée. Mon bureau s’est transformé en atelier de confection mais aussi en salon de coiffure pour ressembler un peu plus à un viking. Le repas, raclette, n’était pas vraiment dans le thème, mais une raclette en Antarctique c’est quand même la grande classe ! Une soirée qui me rappelle bizarrement beaucoup celles de l’ENSPS à Strasbourg (merci le kuduro, la macarena, YMCA et le madison), je ne suis donc pas dépaysé. Les vikings ont posé pieds en Antarctique !

Camille et Solène de retour de la chasse!

Coline ou xéna la guerrière!

Kevin en mode heureux

Fight!

Charly, Jerémy et Elodie

Coline, Etienne et Ludo prêts pour le pillage!

Combat de regard avec Charly

Que seraient des vikings sans bières?

Les vikings ont débarqué en Antarctique!

La solidarité entre viking

Enfin aujourd’hui, dimanche, grasse mat pour récupérer de cette soirée terminée à 4h30 avec Solène et les chocolatines toute chaudes du boulanger Jérémy. Puis début d’aprem série télé et x-box à géophy avec Yohann, Charly, Louis et Etienne avant de partir me balader seul, mon appareil photo autour du coup car ici, chaque jour apporte son lot d’originalité, une lumière, un manchot d’humeur particulière ou une ornithologue aux aguets. En revenant à Géophy écrire cette article, j’ai machinalement mis les mains dans mes poches et soudainement je remarque que depuis mon arrivée je n’ai absolument rien à l’intérieur. Ni carte bleue, ni carte d’identité, ni carte vitale, ni carte du kebab du coin, ni monnaie, ni clés. Rien, la vie est définitivement bien différente ici, et c’est sacrément agréable !

Un lendemain de soirée viking, Cyril fait plutôt punk..

Coline, notre ornitho, est à l’affût!