Une semaine à DDU #2

Jeudi à été marqué par un évènement marquant, cassant légèrement la routine de la base : un skype live à 19h heure locale avec près de 600 élèves alsacien de 8 à 15 ans. C’est Annabelle qui en en charge de ce projet. Enseignante et travaillant également à la Maison de la Science en Alsace, elle suit durant un mois et demi les chercheurs pour mettre en avant le travail de terrain avec tout ce que cela comporte et dont on parle pas souvent quand il s’agit de science : la logistique, les difficultés techniques, les débrouillardises, les échecs aussi (qui d’ailleurs n’est pas forcément négatif car une expérience qui ne marche pas est en soit un résultat). Elle suit également les divers métiers sur la base pour illustrer la diversité des métiers et des profils de personnes sur la base.

Préparatifs du live

C’est parti!

Etienne, notre menuisier

Elodie, notre écologue spécialiste des manchots

Olivier, plongeur soudeur

Ce live (fait en extérieur sous la neige et par moins 8 !) a été un sacré défi pour l’informaticien François, qui a du limiter le traffic sur le réseau de la base pour libérer la bande passante nécessaire. Mais fort heureusement, 19h est l’heure du repas à DDU, ce qui a un peu facilité la chose. Il a duré environ 45 minutes durant lesquelles Annabelle a fait un bilan de ses premiers jours sur base, puis à présenté certaines personnes et métiers de la base avant de répondre à une quinzaine de questions des élèves, dont celles de ses propres enfants, séquence émotion !

La fin de semaine a été focalisé sur l’autre évènement : la soirée viking de samedi soir ! L’avantage d’avoir tous les métiers sur la base est que chacun a pu rendre visite au menuisier dans son antre,  la « meuse », au mécanicien de précision, le « mépré », ou aux chaudronniers à leur bâtiment, le SIPOREX,  pour se faire son propre bouclier, sa hache ou son épée. Mon bureau s’est transformé en atelier de confection mais aussi en salon de coiffure pour ressembler un peu plus à un viking. Le repas, raclette, n’était pas vraiment dans le thème, mais une raclette en Antarctique c’est quand même la grande classe ! Une soirée qui me rappelle bizarrement beaucoup celles de l’ENSPS à Strasbourg (merci le kuduro, la macarena, YMCA et le madison), je ne suis donc pas dépaysé. Les vikings ont posé pieds en Antarctique !

Camille et Solène de retour de la chasse!

Coline ou xéna la guerrière!

Kevin en mode heureux

Fight!

Charly, Jerémy et Elodie

Coline, Etienne et Ludo prêts pour le pillage!

Combat de regard avec Charly

Que seraient des vikings sans bières?

Les vikings ont débarqué en Antarctique!

La solidarité entre viking

Enfin aujourd’hui, dimanche, grasse mat pour récupérer de cette soirée terminée à 4h30 avec Solène et les chocolatines toute chaudes du boulanger Jérémy. Puis début d’aprem série télé et x-box à géophy avec Yohann, Charly, Louis et Etienne avant de partir me balader seul, mon appareil photo autour du coup car ici, chaque jour apporte son lot d’originalité, une lumière, un manchot d’humeur particulière ou une ornithologue aux aguets. En revenant à Géophy écrire cette article, j’ai machinalement mis les mains dans mes poches et soudainement je remarque que depuis mon arrivée je n’ai absolument rien à l’intérieur. Ni carte bleue, ni carte d’identité, ni carte vitale, ni carte du kebab du coin, ni monnaie, ni clés. Rien, la vie est définitivement bien différente ici, et c’est sacrément agréable !

Un lendemain de soirée viking, Cyril fait plutôt punk..

Coline, notre ornitho, est à l’affût!

Une semaine à DDU #1

Anne-Gaëlle partie, me voilà seul à bord du LIDAR. En attendant les premières nuits de mesures qui devraient arriver d’ici 15 jours -3 semaines, je m’occupe des routines quotidiennes comme surveiller l’acquisition du spectromètre SAOZ (Système d’Analyse par Observation Zénithale), qui enregistre la quantité d’ozone au-dessus de la station, ou lancer les programmes de récupération des paramètres atmosphériques des ballons sondes lancés par météo France ici à DDU, qui me serviront pour mes mesures. En parallèle, j’entame mon travail d’analyse des données des années précédentes.

Image satellite indiquant la quantité d’ozone

L’image précédente nous montre qu’actuellement, la couche d’ozone au-dessus de DDU est à niveau quasi normal (près de 300 unités Dobson). Ce qui était attendu car le mécanisme de destruction de l’ozone est un phénomène transitoire que se déroule chaque année à partir de septembre-octobre et jusqu’à Décembre.

Profil de température et d’humidité en fonction de l’altitude au dessus de DDU

Le profil de température est ici la courbe en trait continue. On remarque que la température diminue jusqu’à une altitude d’environ 9 km avant de remonter : ce changement de comportement marque la limite en la troposphère et la stratosphère, la tropopause. L’ozone présent dans la stratosphère capte une partie du rayonnement solaire, ce qui réchauffe cette couche. La courbe en pointillé nous indique de plus que l’humidité dans la stratosphère est quasi nulle : cette couche de l’atmosphère ne contient que très peu de vapeur d’eau, la rendant ainsi très sèche. Au cours de l’année, les températures chutant, la courbe de température va se rapprocher de la droite à gauche du schéma, qui représente le seuil de température à partir duquel des nuages stratosphériques polaires, ou PSC (catalysant la destruction de la couche d’ozone), sont susceptibles de se former : observer ces données est donc essentiel pour moi afin de me renseigner sur la probabilité d’observer des PSC lors d’une nuit de mesure. Plus de détail sur mon travail seront donnés lorsque mes mesures commenceront.

Mardi dernier a été pour moi l’occasion de découvrir un rituel quotidien obligatoire : le service-base. Chaque jour, et à tour de rôle, 3 personnes pendant la campagne d’été puis 2 pendant l’hivernage sont chargés entre autre du service du repas de midi et du soir, faire la vaisselle ou de nettoyer le séjour et le dortoir.

Jules Dumont d’Urville nous accueille devant le séjour

Le dortoir des hivernants, dit le « 42 »

RDC: chambres, bureau du Dista et hopital

1er étage: chambres et livres dans le couloir

 

 

 

 

 

 

 

Ma chambre-1

Ma chambre-2

Important de faire des réserves!

Vue toujours aussi sympa

Le bâtiment « géophy »

 

Typiquement, la journée se déroule ainsi : nettoyage du petit déjeuner entre 8h et 8h45, nettoyage du séjour jusqu’à 10h, si besoin on aide le cuisiner et/ou le pâtissier en cuisine jusqu’à 11h30, heure à laquelle le service base mange pour pouvoir servir le repas entre 12h et 13h, et attention à ne pas oublier l’eau, le pain ou le cubis de rouge sinon ça râle vite ! On débarasse les tables en faisant attention à bien trier les déchets (plastiques, papiers, composite, aluminium, fer, verre et même séparer les déchets organiques broyables de ce qui ne le sont pas !) puis on fait la plonge. Nous avons une pause entre 14h-14h30 et 16h puis nous enchainons sur le nettoyage du dortoir, tout y passe : aspirateur, serpillère, récurage des toilettes, des lavabos et des douches et lavage des linges communs genre essuie-main, torchons ou tabliers. Puis vient rapidement l’heure de dresser les tables pour le repas de 19h15, gober rapidement son repas, servir le diner et refaire la vaisselle. Et enfin vers 20h30-21h, cette interminable journée s’achève par une bière bien méritée ! Cela dit, ce n’est pas si terrible que cela, au contraire il y a toujours une très bonne ambiance entre les personnes du service base, ça permet de discuter, de penser à autre chose ou écouter de la musique (parfois pourrie avouons-le) pendant le nettoyage. Ainsi tout le monde, y compris le chef de district, met la main à la pâte pour maintenir un service de qualité.

Le lendemain, j’ai pris un peu de temps pour aller voir les manchots avec Yohann, travaillant avec François et moi au bâtiment de géophysique, dit « géophy ». La saison de reproduction des manchots Adélie est terminée, malheureusement la banquise n’a pas débâclée cette année. Ainsi les manchots ont dû faire près de 70 km aller et retour pour aller chercher la nourriture. Les nouveau-nés n’ont pour la plupart pas survécu à cette longue attente et meurent de faim ou de la prédation des skuas. Coline et Elodie ont récemment dénombré le nombre de poussins adélie survivants sur l’île, 6 seulement…Et d’après leurs dires, il est peu probable qu’ils survivent : la saison 2017 serait alors pour les Adélie une année « zéro » comme disent les ornithologues. Les parents n’ayant plus de poussin à nourrir errent alors sans but sur l’île, certains continuent à mimer la couvaison ou continuent à alimenter leurs nids de petits galets, et d’autres se regroupent près d’une zone en contrebas de l’île des pétrels ou ils ont pour habitude de se baigner quand c’est possible, ce sont ceux-là que nous sommes allés voir, depuis un rocher offrant une sublime vue sur la banquise et le continent.

Un skua surveille une potentielle proie

Manchot Adélie prenant la pose

C’est à moi que tu parles?

Un Adélie sur son nid fait de petites pierres

On occupe le temps comme on peut…

Je prends un caillou…

…je l’amène au nid…

…et je le dépose.

Si je suis dans un premier temps égoïstement heureux de profiter de ce cadre exceptionnel et de ces animaux attachants, on devient rapidement attristé par le sort qu’est le leur. Les voir errer et répéter des gestes d’attention pour des poussins qui ne viendront plus est un crève-cœur. Chaque été, la vie de ces couples ne prend sens qu’à travers leur rôle de parent. Coupés de ce rôle bien avant de l’avoir mené à bien et les voilà sans but, comme dépossédés d’une partie de leur propre vie, aussi désemparés que les ornithologues passant des heures à leurs cotés et les observateurs que nous sommes. Bientôt ils partiront de l’île des pétrels pour y revenir l’été prochain, essayant à nouveau de donner la chance à un poussin de devenir un membre de la colonie des Adélies.

Le voyage et l’arrivée #3

Dans les épisodes précédents : avion, bateau, bronzage puis froid, icebergs, vélodrome, tabouret ( pourquoi pas?!), pas trop de dodo, baleines et hélicoptère qui se pose.

Avant de poser pied à terre, bagages et matériels divers embarqués avec nous sont déchargés à vitesse grand V par le personnel technique, rodé à l’exercice. Derrière, Anne-Gaëlle, ma prédécesseur, est là pour m’accueillir : quelle délicate attention !

Je pose pied à terre et Anne-Gaëlle (bonnet blanc) est là pour m’accueillir

Elle devient alors ma guide attitrée, me fait un rapide aperçu des lieux, me montre ma chambre, que je partage pendant la période d’été avec Clément, ornitholoque de l’équipe précédente et sur le départ. Je suis Anne-Gaëlle avec attention, détournant parfois le regard pour observer les dizaines de manchots Adélie à quelques mètres de nous, pas inquiets pour un sous par cette agitation, et qui faut le dire sont plus occupés à essayer de faire survivre leurs poussins. Cette année est une vraie hécatombe, nous y reviendrons…

Vue imprenable sur la banquise depuis ma chambre.

Je me pose alors quelques minutes dans ma chambre. Ce qui me marque d’abord est l’intensité du blanc qui nous entoure. Il est presque impossible au départ de regarder autour de soi sans de bonnes lunettes filtrantes. La vue de ma chambre est imprenable : « p…. je suis en Antarctique, truc de dingue ! » est la première chose qui me vient à l’esprit! Pas très classe peut-être mais je ne vais pas mentir pour me la jouer philosophe, j’aurai tout le temps pour partager de vraie réflexion sur mon expérience. J’ai d’ailleurs souvent pensé que les histoires que l’on nous raconte sur les célèbres premières phrases des explorateurs ou autres étaient un peu surfaites voire carrément du gros mytho pour leur donner une certaine aura. J’en suis maintenant un peu plus convaincu, clairement l’esprit à ce moment-là est incapable de construire une phrase digne de Bernard pivot tant la claque est violente, enfin pas moi en tout cas…

Pas le temps de souffler, je n’ai que quelques jours pour assimiler mon travail et suivre les conseils d’A.G : la passation commence. Les journées de travail s’enchaînent : tp d’alignement des optiques, tour des installations, simulation d’acquisition et de traitements des données, inventaires, envoie/réception des pièces…On a même fait la traditionnelle photo de passation, qui rejoindra les autres sur le mur de notre shelter Lidar, au top ! Anne-Gaëlle avait préparé une semaine de travail aux petits oignons, c’est une excellente professeure, je l’écoute attentivement pour ne pas ruiner tous ses efforts de pédagogie. Le courant passe très bien avec AG qui est très avenante.  Ayant des projets à court terme relativement similaires, notamment une année au pôle nord, on s’imagine déjà s’y recroiser, ça serait bien fun ! Vous pouvez d’ailleurs retrouver les aventures de son hivernage 2016 sur son blog: enterreadelie.wordpress.com

Sur la route du travail avec A.G. Ce beau contener bleu est mon « shelter Lidar », mon labo en somme.

 

Ouverture de la trappe du télescope

Sur le toit du shelter Lidar, avec en arrière plan le continent Antarctique

Photo de passation qui garnira le mur des Lidaristes de DDU!

 Entre ces sessions de travail, petit dej à 7h30, déjeuner à midi (précédé d’un apéro à 11h45 pour raconter nos matinées, bin oui…), diner à 19h (aussi précédé d’un apéro à 18h45, pour raconter nos après-midi, il y en a des choses a dire !). C’est l’occasion de faire connaissance avec mes compagnons, tout comme les sessions billards, baby, ping pong ou discussions diverses, toujours encerclés par nos fidèles amis, les manchots Adélie.

Le séjour DDU. Bizarrement tout le monde s’attroupe autour du bar…

Concert propose par Elodie (chant), Jean-Baptiste (chant), Etienne (batterie) et Victor (guitare). Photo: Vincent Terol

Je n’ai pas encore eu vraiment le temps de profiter de l’endroit mais ça ne saurait tarder, cette première semaine étant dédiée au travail. De plus, ayant encore énormément de mal à dormir par ce jour permanent qui dope nos hormones de l’éveil à en rendre jaloux Lance Armstrong, je suis il faut bien le dire éreinté ! (je passerai sous silence les soirées plus ou moins arrosées qui n’ont surement pas aidé à résoudre le problème…) Conséquence, je n’ai fait qu’une seule petite sortie sur la banquise et n’ai pas trop le temps pour alimenter le blog, pas aidé par le fait qu’il n’y a qu’un seul PC avec accès internet libre et que forcément il est très demandé, d’autant plus en période d’été (ici) où près de 80 personnes sont présentes. Je ferai au mieux jusque fin février, date à laquelle ou nous ne serons plus que 23 et tout deviendra alors plus calme et plus noir, je pourrai dormir !

Le jour de rédaction de cet article, le 22 Janvier, marque également la fin de la rotation R2. L’astrolabe déchargé des vivres et matériels, et reparti avec les hivernants de l’année précédente dont Anne-gaëlle. Le début d’après-midi fut assez morose sur la base, de très forts lien se sont noués ces dernières semaines avec les campagnards d’été et les premiers hivernants de mon année. Les départs ne sont jamais faciles mais font partie de notre aventure…Merci A.G pour ta sympathie et ta passation au top, et bon vent à toi!

A très bientôt pour le tour détaillé de la base et des activités des uns et des autres, qui sont aussi passionnantes que les personnes les menant.

Le voyage #2

La seconde partie du voyage fut quasiment aussi calme que la première mais le spectacle extérieur changea radicalement. De nombreux oiseaux typiques de la région antarctique paradent autour du bateau : albatros fuligineux, damier du cap, océanite de wilson, fulmar antarctique, pétrels des neige, pétrels géant antarctique,  Labbe de McCorrmick, pétrels soyeux…Les premiers glaçons apparaissent également à l’horizon, d’abord éparses et de taille relativement modeste puis de plus en plus nombreux et impressionnants.

Apparition des premiers glaçons

Un damier du cap dans la grisaille polaire

Un pétrel rasant l’océan

Les premiers icebergs font alors leur entrée ! Détachés du continent depuis des années voire des décennies, ils dérivent lentement. La lumière ambiante devient intense, presque aveuglante, et se réfléchi sur ces mastodontes d’eau douce pour former des jeux de lumières incroyables, l’opticien que je suis est comblé ! Diffusion, réflexion et dispersion s’expriment dans toute leur splendeur dans ce royaume polaire. Notons que j’ai nommé un des icebergs le vélodrome, car il me fait fortement penser à un stade de foot bien connu…Oui c’est moins classe que faire référence à un scientifique, une planète ou que sais-je mais non c’est mon iceberg je l’appelle comme je veux !

Le ciel serait-il sous l’eau?

Iceberg se reflétant sur l’eau

« Mon » iceberg: le vélodrome

Au top!

Nous observons également par ci par là quelques manchots Adélie en quête de nourriture loin de leurs nids, réalisant au passage de belles acrobaties pour sortir de l’eau: de vraies torpilles! Même si la réception n’est pas toujours maitrisée…

Manchot Adélie jaillissant de l’eau

 

Réception en douceur pour cette fois!

Nous atteignons ensuite le pack, masse compacte de glace de mer empêchant le bateau d’atteindre la station. Nous nous frayons un chemin grâce au semi brise-glace qu’est l’Astrolabe mais à 70 km, plus moyen de traverser. Juste le temps de frôler un immense iceberg à près de 50 mètres de distance en mode Titanic (mais de façon totalement contrôlé par nos badass de capitaines) pour se sentir tout petit devant cette montagne de glace ; et cerise sur la chocolatine, des baleines nous ont fait l’honneur de nous souhaiter la bienvenue !

Le continent Antarctique face à l’Astrolabe: on touche au but!

La Lune nous offre un joli spectacle un brin rosé

 Après une dernière nuit quasi blanche à cause de l’excitation et du soleil permanent perturbant nos repères, le voyage se termine en hélicoptère. Grand baptême pour moi, et quoi de mieux pour première qu’un survol de la banquise Antarctique par beau temps. A peine le temps d’en prendre plein les yeux que Fabien, le pilote, me montre la base qui se profile au loin. 6 mois que je me prépare, 6 mois que je parcours livres, albums photos et site internet à propos de Dumont D’Urville et la voilà enfin littéralement sous mes pieds, quelle étrange sensation ! L’hélicoptère se pose j’entre alors dans une autre dimension temporelle, tout se passe en accéléré…

La banquise vue d’hélico

Dumont d’Urville en approche

Suite et fin dans le post suivant!

Le voyage #1

4 jours déjà que nous avons quitté la Tasmanie et son port d’Hobart à bord
de l’Astrolabe. La balade est pour l’instant très agréable tant la mer est
calme et le temps au beau fixe, ce qui nous permet de passer beaucoup de
temps sur le pont du bateau et d’éviter pour la plupart des personnes à
bord le mal de mer. Malheureusement, il m’est impossible de poster des
photos depuis le bateau, il faudra attendre mon arrivée à DDU pour que je
les rajoute à l’article. En attendant, voilà un petit compte rendu du
début du voyage.

Après 6h30 de vol entre Paris et Dubaï, 14h entre Dubaï et Sydney et enfin
2h de Sydney à Hobart, le tout sans escale de plus de 3h, nous avons pu
passer une après-midi et une soirée à Hobart, charmante ville de 200 000
habitants (près de la moitié de la population de l’île de Tasmanie). Sous
presque 30 degrés, balades et rafraichissements houblonnés se sont
succédés avant le départ du bateau le 7 janvier à 14h30 heure locale.

Arrivée devant l’Astrolabe

Balade dans Hobart

Balade-suite

Dégustation de bière de Tasmanie

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Nous sommes une vingtaine à bord : les deux derniers hivernants de la TA67
(Lionel le cuisinier, et moi-même), des campagnards d’été venus pour des
programmes d’océanographie, de glaciologie ou de pédagogie visant à
favoriser les collaborations entre enseignants et chercheurs, l’équipage
de l’Astrolabe, des militaires de la marine nationale (venus sonder le
déroulement de la traversée car la marine nationale sera en charge du
nouveau bateau dès l’année prochaine), l’équipage australien de
l’hélicoptère qui nous déposera à DDU, deux journalistes de TF1, et le
médecin de bord pour qui nous participons à une étude sur le mal de mer à
base de prélèvement de salive et de tests de réactivité 4 fois par jour !

Le beau temps est de la partie…

…TF1 aussi!

 

La vie à bord est rythmée par les repas, pris à heure fixe : petit
déjeuner entre 7h et 8h, déjeuner à midi et diner à 19h. Entre, nous
vaquons à diverses activités. Nous disposons d’un salon confortable dans
lequel se trouve une petite bibliothèque, une télé, une guitare et un
bar : films, discussions, travail et jeux de cartes constituent le gros de
nos journées. Le beau temps nous permet pour l’instant de passer beaucoup
de temps sur le pont du bateau, j’ai même pu y faire une sieste sous un
beau soleil et m’y poser tranquillement pour lire avec pour très agréable
fond l’immensité de l’océan. J’en profite pour capter et photographier le
sublime ballet aérien auquel se livrent albatros et pétrels, capables de
rester des heures autour du bateau sans donner le moindre battement
d’aile. Jérôme, qui effectuera des plongées sous-marine à DDU (le
chanceux), nous fait partager sa passion pour les oiseaux et c’est très
prenant. Nous attendons à présent les phoques, manchots et peut être même
les baleines.

Live de guitare dans le salon de l’Astrolabe

Tout le monde écoute attentivement!

 

 

 

 

 

 

 

A noter hier matin une séance collective de sport un brin
spéciale: en effet, faire des pompes ou des gainages dans le salon d’un
bateau se balançant tel un bouchon sur l’eau rend l’exercice beaucoup plus
compliqué, mais beaucoup plus drôle également, chutes garanties !

Séance de pompes sur sol mouvant.  Photo: Annabelle Kremer

C’est plus dur quand le bateau tangue!   Photo: Annabelle Kremer

 

 

 

 

 

 

 

 

A l’heure à laquelle j’écris ces lignes, la température a brutalement
chuté d’une quinzaine de degrés, des flocons de neige ont fait leur
apparition, le bateau tangue de plus en plus tout comme moi sur ma chaise
(une grosse dépression se profile, on nous promet une nuit affreuse…), il
se peut que nous apercevions nos premiers icebergs dans la soirée : aucun
doute l’Antarctique se rapproche !

Oula, ça secoue pas mal là..