Maintenant que la dérive des continents n’a plus aucun secret pour nous, venons-en à la découverte de ce continent. L’isolement de l’Antarctique a été pour les explorateurs source de difficultés nombreuses (causant parfois leur mort), de fantasmes, de mensonges, mais surtout d’incroyables épopées : en somme tous les ingrédients pour une excellente série Netflix (il manque les histoires d’amour et de drogue mais je manque de sources documentées pour ça).
Premières mentions du continent
L’histoire de la découverte du continent austral débute paradoxalement par la découverte des premières iles du Nord comme l’Islande par les navigateurs grecs dont Pythéas vers 300 avant J.C. L’existence de terres au Nord fera dire à Aristote que la Terre doit être une sphère symétrique équilibrée par la présence de terres au Sud et au Nord. Au IIème siècle après J.C, l’astronome grec Ptolémée affirme l’existence de cette terre au Sud, dont l’accès est barré par une bande de terre où vivraient des monstres (je vous dirai si jamais je les vois!). Ce sont probablement les premières mentions de l’Antarctique, dont le nom vient du grec ancien ant(i), « opposé à » et Arktikos, dérivé de Arktos, « ours ». Contrairement à ce que l’on pourrait penser, ici ours ne fait pas référence à l’animal vivant au pôle Nord mais à l’étoile polaire, faisant partie de la constellation de la petite Ourse, indiquant la direction du Nord aux astronomes et navigateurs de par son alignement avec l’axe de rotation de la Terre (c’est pour cela que les autres étoiles « bougent » au cours du temps dans la voute céleste mais pas ou très peu l’étoile Polaire). On peut par ailleurs noter que les ours polaires ne sont présents qu’en Arctique, donc un moyen mnémotechnique pour savoir où ils vivent est de se dire Arctique=Ours=Nord, Antarctique=pas d’Ours=Sud.
Aparté : T’es bien gentil mais du coup si Arctique ne fait pas référence à l’animal mais à la constellation de la petite Ourse, et la petite Ourse elle fait référence à quoi ?! Et bien pour les amoureux de mythologie et de second degré, vous trouverez ici une version de l’histoire des Ourses revisitée par mes soins de façon complétement macho. Version approuvée par Éric Zemmour.
Ce n’est qu’au XVIème siècle, à la faveur du passage de Magellan dans le détroit portant aujourd’hui son nom, où il observe un épais manteau neigeux, que l’on s’intéresse de nouveau à ce continent. En 1570, Abraham Ortelius, considéré comme le père de la cartographie moderne, publie le premier atlas faisant apparaitre un continent immense collé en deux points à l’Amérique et l’Eurasie.
Le corsaire britannique Francis Drake et le navigateur Hollandais Abel Tasman (qui donnera son nom à l’île de Tasmanie), prouveront que ce continent, s’il existe, n’est rattaché à aucune terre: le premier en passant par le détroit de Drake séparant l’Antarctique de l’Amérique du Sud en 1577 et le second en circumnaviguant autour de l’Australie en 1642. La quête de l’Antarctique connut une avancée majeure grâce à un cartographe britannique, James Cook, également excellent navigateur et astronome. Il partit le 26 Aout 1768 à bord de l’Endeavour, soit exactement 220 ans avant ma naissance (qui s’en fout ?!) mais sans pouvoir aller au-delà du 45° Sud. Ce n’est qu’en 1773 qu’il franchit pour la première fois le cercle polaire Antarctique, limite située au 66° 33′ Sud au-delà de laquelle le Soleil reste au-dessus de l’horizon pendant au moins vingt-quatre heures consécutives au moins une fois dans l’année (soleil de minuit). Il raconte alors dans son Voyage autour du monde : « La mer était couverte de glace, nous comptâmes trente-huit îles grandes ou petites, avec une abondance de glaçons détachés […]. Comme nous poursuivions notre route vers le sud, ils augmentèrent d’une manière telle que nous ne pûmes avancer, la glace formant devant nous une barrière continue ».
Durant les mois qui suivirent, il fit pratiquement le tour entier de l’Antarctique sans jamais l’apercevoir : comme dirait Thierry Beccaro, c’est la boule noire. Ce qui ne l’empêcha pas de découvrir de nombreuses îles et de s’approcher du continent au point d « ‘entendre crier des manchots mais non les voir ». Ce voyage le convint de plus de l’existence du continent : « Qu’il existe un continent ou une vaste étendue de terre près du pôle, je ne le nie pas, au contraire, selon mon opinion, il y en a un ; et il est probable que nous en avons reconnu une partie ». Mais en homme honnête qu’il était, jamais il ne revendiqua cette découverte.
Ce qui ne fut en revanche pas le cas d’un jeune américain de 20 ans, Nathaniel Palmer, audacieux navigateur plein de fougue mais un brin affabulateur, un ricain de 20 ans quoi ! Il aperçoit en 1820 une terre située à l’extrême sud de la péninsule Antarctique et prétend avoir découvert le continent sans avoir pris la peine de constater s’il ne s’agissait pas d’une île. D’autant que quelques mois avant, deux britanniques, William Smith et Edward Bransfield, voient également la côte et débarque même sur la pointe septentrionale de la péninsule Antarctique. Et pour rendre le tout bien compliqué, la même année, un navigateur Russe du nom de Thaddeus von Bellingshausen (surement bénéficiaire d’immigration choisie chère à qui-vous-savez) reconnait des terres qu’il nommera Terre Alexandre 1er mais qu’il ne certifie pas être le continent. On peut cependant raisonnablement considérer ces 4 hommes comme ceux ayant découvert la péninsule Antarctique. Il est d’ailleurs amusant de noter qu’il se sont régulièrement croisés en mer, discutant parfois chaleureusement, parfois avec jalousie, de leurs aventures. Je me suis laisser à imaginer leur rencontre 2.0 :
« -Yo, la forme Thaddy Bear ? – -Bof, je reviens d’Alexandre Ier, tu sais ce que j’ai découvert, mais il faisait un temps pourri j’ai pas pu voir au loin s’il y avait le continent. Bon faut dire que je suis complétement torchon chiffon à cause de notre soirée vodka d’hier. Non seulement je vois double mais en plus j’ai pété mes lunettes et forcément je n’ai pas de mutuelle comme ces rouges de Français, bref une bonne journée de merde. Et toi Palmer, toujours puceau ? -Kiss my ass le vieux, je l’ai trouvé ce foutu continent, easy bobby en plus ! Je me suis posé tranquille à Ushuaia, pris un peu de bon temps avec des autochtones et après tout droit sur la péninsule ! Juste le temps de peindre deux-trois selfie… -Des quoi ? -Des selfies, des autoportraits quoi ! C’est ouf qu’on autorise encore des boloss comme vous à naviguer ! Anyway, maintenant c’est concours de gobage de chickenwings dans le Kentucky et ensuite je pars me poser sur la lune mon gars. Et vous les rosbeefs ? -Ma foi, nous vous avons vu passer Sir Palmer… -J’suis pas sœur tocard -Milles excuses. Il n’empêche que l’on ne vous a pas grillé la politesse car c’était l’heure du thé et aussi con que ça peut paraitre, et ça l’est, et bien pas de découverte de continent pendant le thé. Nevertheless, on vient d’occire 2000 phoques et 50 baleines, on va ramener ça à notre king George, god save him. Ensuite on se fait anoblir pépouze, on obtient des terres, quelques nègres bien gaillards pour bosser gratos et on se mettra bien, comme disent les jeun’s. -Occire, c’est un pokemon eau non ? Perso je préfère Carapuce. »
Et ça s’arrête là, Palmer n’aura jamais sa réponse car les bateaux se croisant, ils n’ont pas eu la journée pour parler non plus.
Ça y est on (l’) accoste !
Dans un contexte tendu lié à la chasse au phoque et à la baleine, de nombreux bateaux provenant de plusieurs pays se retrouvent près de la péninsule Antarctique. Et selon toute vraisemblance, le premier homme à poser le pied sur la péninsule fut le chasseur de phoque John Davis, américain de son état, en février 1821. Mais le premier vrai débarquement qui marqua l’histoire, sur la partie orientale du continent et au milieu des glace, fut celui de l’Amiral Français (et bim c’est pour nous !) Jules Dumont d’Urville le 20 Janvier 1840. Celui-ci, conscient que les américains préparaient une expédition avec le jeune Charles Wilkes, parvint à convaincre la France de l’importance de découvrir le pôle Sud magnétique, dont la position fut calculée par le génial mathématicien Gauss, qui martyrisera cependant des générations d’étudiants par la suite, moi le premier. Dumont d’Urville partit de Toulon en 1837 à bord de l’Astrolabe (tiens tiens…), accompagné de La Zélée, et sillonna dans un premier temps l’Océanie. Alors que tout l’équipage s’apprête à fêter le passage du 66ème parallèle le 19 Janvier 1840, ils aperçoivent une terre élevée couverte de neige, qui s’étend à perte de vue, l’Antarctique est bien là ! Mais Dumont D’Urville a oublié de changer de date en passant le méridien 0°-180°, la découverte date donc du 20 Janvier, jour où il demande à un groupe d’homme de débarquer sur un îlot qu’il nommera avec une bonne dose d’imagination « île du Débarquement ». Le jeune officier Gaillard ira hisser le drapeau Français et Dumont D’Urville nommera l’ensemble des terres découverte la Terre-Adélie, en hommage à sa femme prénommée Adèle.
Sur le retour, Dumont D’Urville croise l’expédition de Wilkes mais l’histoire prend une tournure ubuesque lorsque ce dernier, probablement bien jaloux et blessé dans son orgueil, prétend avoir découvert la même terre avant Dumont d’Urville. Il ira jusqu’à inventer des trajectoires et des iles sur son carnet de bord. Mais la fumisterie ne durera pas longtemps, les expéditions ultérieures ne trouveront jamais signe de terre aux endroits marqués par Wilkes, mettant à jour son côté mythomane. J. Gordon Hayes, grand historien polaire écrivit : « James C Ross navigua en 1841 sur la premières de ces terres et trouva 600 brasses d’eau au-dessus des montagnes signalées par Wilkes. En 1850, le capitaine Tapsell navigua à des latitudes considérablement plus au Sud que Wilkes et ne vit aucune terre ». Rappelons de plus que ce jeune homme fantasque s’était auto attribué les insignes de captain de l’US Navy et qu’il avait pour mission de prouver la théorie de la « terre creuse » d’un certain Reynolds, selon laquelle la Terre serait creuse, habitée à l’intérieur par une civilisation qu’il serait possible d’atteindre par deux trous situés aux pôles (en tout cas l’herbe que fumait ce Reynolds semble au top).
L’exploration du continent
Étrangement, l’Antarctique tomba légèrement dans l’oubli dans les années qui suivirent et c’est à Londres en 1895 que renait l’intérêt pour l’exploration du continent blanc, grâce notamment au sixième congrès international de géographie. Il y sera par exemple décidé d’intensifier les recherches scientifiques en Antarctique, délaissées jusqu’à lors au profit de l’Arctique. Pour cela, il faut envisager une présence humaine continue et donc l’installation de camp de base. Le jeune baron belge Adrien de Gerlache, âgé de 29 ans, réalisera le premier hivernage en Antarctique, mais pas sur le continent. En effet, il laissera volontairement son bateau nommé « Le Belgica » se faire prendre au piège de la banquise naissante en mars 1898 et le laissera dériver un an durant au grès des mouvements de la glace. A noter que le médecin de bord dut forcer les membres de l’équipage (dont un certaine Roald Amundsen qui aura un rôle majeur quelques années plus tard), victime de scorbut et de dépression sévère, à manger de la viande de phoque et de manchot afin de de procurer de la vitamine C.
Le premier hivernage sur le continent Antarctique sera accompli par le britannique Carsen Egeberg borchgrevink et son expédition à bord de « l’Antarctic » (toujours aussi fun les british!) qui comptait pour la première fois des chiens. Ils arrivèrent au cap Adare en Février 1898, installèrent durant une dizaine de jours les baraquements préfabriqués et entamèrent l’hivernage le 2 mars 1899 après le départ du bateau, qui revint les chercher fin Janvier 1900. Quoi de plus classe que de passer le nouveau siècle en tant que premiers hommes à hiverner en Antarctique, George Abitbol n’a qu’à bien se tenir ! Les expéditions se sont ensuite succédées à un rythme beaucoup plus soutenu. Citons par exemple celles de l’Allemand Erich Von Drygalski à bord du « Gauss » en 1901-1902, du suédois Otto Nordensköld qui hiverna sur le continent en 1903, de Robert Scott, Ernest Shackleton et Edward Wilson qui essayèrent en Novembre 1902 d’atteindre le pôle Sud mais durent faire demi-tour à 82° Sud à cause de problèmes de vues, ou encore celle du Français Jean-Baptiste Charcot en 1904 près de l’île de Booth puis plus tard en 1909 à bord du « Pourquoi pas ? » (Mais oui J.B, ça c’est un nom !).
Le pôle sud est atteint !
Arrêtons-nous sur un évènement majeur de l’histoire de l’exploration humaine, à savoir la conquête du pôle Sud géographique. Elle fut l’objet d’une course entre deux explorateurs, le Norvégien Roald Amundsen à bord du Fram et le britannique Robert Scott sur le Terra Nova, mêlant tous les ingrédients d’un bon film catastrophe hollywoodien : rivalité, courage, honneur, héroïsme et mort tragique.
En 1909, lorsque l’expédition dirigée par le capitaine de la Royal Navy Robert Scott à bord du Terra Nova prend la mer, elle est la seule à partir à l’assaut de la dernière terre à conquérir. En Norvège, Amundsen se prépare officiellement pour le pôle Nord. Mais s’étant fait devancer par les Américains, il décide soudainement dans le plus grand secre de prendre sa revanche. « Le dernier des Vikings » a déjà passé deux hivers dans le Grand Nord canadien et a beaucoup appris des Inuits. « Pour moi, précise l’explorateur Børge Ousland, la question n’est pas de savoir s’il a agi dans le dos de quelqu’un, ce qu’il a évidemment fait. C’est une question de tripes : c’est faire ce en quoi vous croyez et le faire pleinement. » Amundsen ne prévient ses hommes, à bord du Fram, qu’une fois au large des côtes portugaises, et Scott n’apprendra la nouvelle qu’à l’escale australienne. « Dès lors, comme Amundsen l’espérait, raconte l’explorateur Ranulph Fiennes, il était trop tard pour que Scott revoie sa préparation en vue d’une course. »
Arrivées sur les rivages antarctiques, les deux expéditions organisent leur camp de base pour la longue période d’hivernage, celui du Norvégien se situant le plus proche du pôle. Deux hommes, deux approches différentes : l’un dirige avec une discipline militaire toute britannique une soixantaine d’hommes dont les missions ont un caractère surtout scientifique ; l’autre, à la tête de huit skieurs émérites, privilégie l’exploit sportif. Amundsen a amené avec lui une centaine de chiens du Groenland, chargés de tirer leurs traîneaux. Scott a misé sur des poneys de Sibérie et sur la technologie avec des tracteurs à chenille qui vont rapidement tomber en panne. Chaque équipage va dans un premier temps multiplier les allers-retours de plus en plus longs pour disposer des dépôts de vivres le long du parcours puis ils décident du grand départ.
Coté norvégien, le 8 septembre 1911, 6 traîneaux tirés par 86 chiens dirigés par 8 hommes s’élancent vers le pôle, mais les conditions météo les font renoncer. Finalement le 19 octobre, Amundsen, Olav Bjaaland, Helmer Hanssen, Sverre Hassel et Oscar Wisting prennent le départ avec 4 traîneaux et 52 chiens. Le 4 novembre, ils atteignent le troisième et dernier dépôt par 82° sud. Le 8 décembre, ils dépassent le record austral de Shackleton de 88° 23′ sud. Le 14 décembre 1911, à 15h00, pour la première fois dans l’histoire, des hommes arrivent au pôle Sud. Amundsen et ses compagnons saisissent le drapeau norvégien dans leurs « cinq poings gelés et abîmés par les intempéries », et le plantent dans la neige. Amundsen baptisa ce plateau du nom du Roi Haakon en hommage à celui-ci. Ils dressèrent également une tente, qu’ils nommèrent Poleheim (la maison du pôle) où ils laissèrent un message pour Scott et le roi Haakon, au cas où ils périraient pendant le voyage de retour à Framheim.
Le 1er novembre 1911, c’est au tour de Scott et de son équipe de se lancer dans l’aventure avec 16 hommes (composant des équipes de soutien qui rentreront au fur et à mesure au camp de base), 10 poneys, 34 chiens, et 13 traîneaux ! Inadaptés à ce milieu, les poneys meurent un à un et les hommes affrontent des conditions difficiles. Le 4 janvier 1912, le point 87° 34′ sud est atteint. Scott annonce sa décision : cinq hommes (Scott, Henry Robertson Bowers, Edward Adrian Wilson, Edgar Evans et Lawrence Oates) continuent, les trois autres (Edward Evans, William Lashly et Thomas Crean) rentrent au camp de base. Le 9 janvier, ils dépassent à leur tour le point atteint par Shackleton. Le 12 janvier épuisé, Scott écrit « Cela va être une course très serrée » et le 15 janvier il rajoute ces mots prémonitoires « La seule possibilité effrayante serait la vue du drapeau norvégien précédant le nôtre ». Le lendemain, à 35 kilomètres du pôle, Bowers aperçoit une tache noire qui flotte, un drapeau de signalisation attaché à un support de traîneau. « Le pire est arrivé. Les Norvégiens sont les premiers au pôle… Tous les rêvent s’envolent ». Le mercredi 17 janvier 1912, arrivés au pôle, Scott est encore plus dépité : « Le pôle. Mais, dans des circonstances très différentes de celles que nous attendions… Grand dieu ! C’est un endroit terrifiant et horrible pour nous qui nous sommes efforcés de l’atteindre, sans avoir la récompense de la priorité. Maintenant, c’est la course du retour et une bataille désespérée. Je me demande si nous pourrions le faire ».
L’équipe de Scott, épuisée, déprimée et souffrant du froid et de la faim, entame son retour. Evans meurt dans son sommeil le 17 février et mi-mars, Oates les pieds gelés, atteint de gangrène sort de la tente alors qu’ils campent par -42°C. Il part dans le blizzard en disant « Je vais juste dehors, pour peut-être quelque temps ». Le 21 mars, ils ne sont plus que trois, à 18 kilomètres du dépôt de vivres suivant. Mais impossible d’avancer en raison du mauvais temps. Le 22 mars, ils n’ont plus de combustible. La dernière phrase du journal de Scott en date du 29 mars est ainsi libellée : « Nous nous en sortirons, mais nous nous affaiblissons, bien sûr, et la fin ne peut être loin. C’est épouvantable, je ne puis en écrire plus long. Pour l’amour de Dieu, occupez-vous des nôtres ». Huit mois plus tard, une équipe de secours retrouve les corps gelés de Scott, Wilson et Bowers.
La mort de l’équipe de Scott fit la une des journaux du monde entier. L’empire pleurait la mort d’un héros à une époque où les britanniques avaient besoin d’actes héroïques, à la veille de la Première Guerre mondiale. Amundsen déclara : « Je ne peux lire ce message de Scott sans émotion… Et penser que pendant que ces hommes courageux mouraient là-bas…, je faisais des conférences bien au chaud en Australie ». Amundsen mourra en 1928 lors d’une expédition au Spitzberg, censée être une mission de sauvetage d’un équipage italien naufragé sur la route du retour du pôle nord.
De nombreuses expéditions suivront la découverte du pôle nord, et je ne saurai trop vous conseiller de lire l’aventure, que dis-je l’odyssée, de Shackelton à bord de l’Endurance. Censés partir quelques mois pour traverser de part en part le continent, lui et son équipage enchaineront les déboires au point de perdre de leur bateau brisé par les glaces. Ils réussirent à survivre à l’extrême rigueur de l’Antarctique et à revenir de leur périple par leurs propres moyens. Les 28 naufragés de l’Endurance ont survécu pendant 22 mois à des milliers de miles de la terre habitée la plus proche avec des provisions en quantité limitée et en subissant des températures allant jusqu’à −45 °C. Shackleton, déterminé à sauver ses hommes, entama avec une poignée d’entre eux une traversée désespérée vers l’île de Géorgie du Sud pour rejoindre une station baleinière à bord d’un petit canot de sauvetage retapé à la hâte pour affronter les courants dantesques entourant l’Antarctique. Il réussira à trouver des secours et pas un seul homme ne périt au cours des 2 ans de leur périple.
Sources pour la rédaction de cet article:
http://www.cnrs.fr/cw/dossiers/dospoles/alternative1.html Antarctica : the blue continent, David MC Gonigal et Dr Lynn Woodworth Adieu l’Antarctique, Paul-Emile Victor et Jean-Christophe Victor http://transpolair.free.fr