Météorologie

Le premier poste, essentiel à la base, est celui la météorologie, occupé par Alexandre, Vincent et Philippe, employés de Météo France. Leur travail permet non seulement d’alimenter le réseau mondial d’observation météorologique mais surtout d’organiser le travail et la vie sur base. En effet, toute sortie sur la banquise ou le continent, qu’elle soit dans le cadre du travail ou seulement pour le plaisir d’admirer le paysage, doit être validée par le Chef de District, notamment sur la base des prévisions météos. Se retrouver perdu et isolé au milieu du blizzard ou des vents catabatiques peut rapidement s’avérer dramatique. Pas de pression amis météos mais vous avez en quelque sorte nos vies entre vos mains !

Pour cela, ils effectuent tous les jours à 9h00 heure locale, quel que soient les conditions, un lâché de ballon sonde PTH (Pression, Température, Humidité). Ce ballon d’hélium est également équipé d’un GPS qui permet de déduire la vitesse et l’orientation du vent. Durant l’année 2017, les météos enverront également une quinzaine de ballon sonde d’une type différent, destiné à la mesure de la concentration d’ozone en colonne au-dessus de la station.

 Typiquement, les ballons PTH et ozone à DDU atteignent une altitude comprise entre 25 et 30 km avant qu’ils n’explosent. En effet, quand le ballon prend de l’altitude, la pression extérieure baisse. Or l’hélium contenu dans le ballon est en équilibre avec cette pression : si elle diminue, l’hélium se dilate à l’intérieur du ballon. Conséquence, le ballon s’étire considérablement (de 10 à 20 fois sa surface initiale) et à un certain point, la pression exercée par l’hélium à l’intérieur du ballon devient telle que celui-ci explose.

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Exemple de sondage PTU réalisé à Dumont d’Urville. On remarque que le ballon a explosé à une altitude de 25 km, où la pression était de 22,7 hPa et la température de -35°C.

Ils ont également pour mission de rendre compte de l’évolution de la banquise à partir d’observations satellite. Et cette surveillance est aujourd’hui cruciale dans le contexte du réchauffement climatique.                                                                                                         La banquise se forme vers mars lors d’un processus appeler l’embâcle : à la faveur de la chute des température, l’eau de surface se refroidit et atteint -1,8°C, seuil à partir duquel l’eau de l’océan austral commence à geler. Une fois la surface gelée, l’eau de mer se trouve isolée de l’air et le processus ralentit. La banquise s’épaissit alors lentement, par sa face inférieure et peut atteindre une dizaine de mètres d’épaisseur (une personne peut marcher en toute sécurité sur la banquise à partir de 40 cm d’épaisseur. Lorsque l’été revient et que les températures grimpent, la banquise s’amincit et devient de plus en plus exposée aux mouvements de la mer : elle se fragmente en grandes plaques puis en morceaux de plus en plus petits, c’est ce qu’on appelle la débâcle. La banquise ainsi morcelée reçoit le nom de pack.

         

Cette alternance annuelle embacle-débacle est très sensible au changement climatique. Depuis quelques années, les observations montrent que la banquise Antarctique s’agrandit, ce qui d’ailleurs complique l’accès à DDU. N’en déplaise aux climatosceptiques, et même si cela peut paraitre contre intuitif, cette progression de la banquise est bien un signe de plus du réchauffement de la planète. En effet, le trou dans la couche d’ozone a parmi ses conséquences un renforcement du vortex polaire antarctique. Les vents d’ouest se renforçant, cela favorise l’empilement et l’épaississement de la glace de mer. Ajoutez à cela que le réchauffement climatique entraîne la fonte de certains glaciers de l’Antarctique, apportant ainsi de l’eau douce à la surface de l’océan. Or, pour que l’eau de surface puisse plonger et se mélanger avec l’eau des profondeurs, il faut qu’elle soit salée et froide, ce qui la rend plus dense et tend à la faire couler. Cet apport d’eau douce rend l’eau de l’océan austral moins salée et le mouvement convectif s’est affaibli. En conséquence, de l’eau chaude stagne dans les profondeurs marines sur une plus grande distance et l’eau de surface gèle plus facilement.

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Extension des glaces de l’Antarctique (source: NSIDC)

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